Condensé d'article de Lonny GOLD paru dans "FORUM"
- revue pédagogique de département d'état à Washington
dans le numéro de Juillet 1985

Introduction

Ce n'est pas parce que les enseignants "enseignent" que les apprenants "apprennent".

D'où la question-clé QU'EST-CE QUI FAIT QU'IL Y AIT OU PAS APPRENTISSAGE?

Quels principes fondamentaux régissent le fonctionnement de notre mémoire et notre capacité d'utiliser les connaissances qui y sont emmagasinées?

Une approche oui va 3 fois plus vite

Depuis 25 ans, un médecin et psychiatre Bulgare, Georgi LOZANOV, étudie le lien entre la perception, l'affectivité et la structure de notre activité mentale.

La SUGGESTOPEDIE est l'APPLICATION PEDAGOGIQUE de ce champ de recherches neurophysiologique et psychologique.

L'affectivite, la memoire et l'image de soi

Le point de départ de tout apprentissage effectif est l'ATTITUDE PROFONDE de l'élève vis-à-vis de la matière. En conséquence, un enseignant qui dote tout son enseignement d'un contenu affectif agréable, aide ses élèves à créer dans leur mémoire des réseaux d'associations inoubliables, puisque cela fait plaisir d'y penser! Donc, on s'en souvient, c'est facile et on réussit.

Et rien ne réussit plus que la réussite à donner envie de réussir.

Prevoir et gerer les attitudes inconscientes

A chaque instant de notre vie, notre cerveau emmagasine, à notre insu, un nombre de données de "faible intensité" infiniment supérieur à celui des perceptions conscientes. Ces données nous parviennent à des cadences fulgurantes et bien supérieures à nos capacités de raisonner sciemment.

Nos attitudes profondes sont conditionnées par ces perceptions "non spécifiques" qui deviennent nos impressions générales.

Les "flashes" intuitifs, auxquels sont dûs nos découvertes scientifiques et sur lesquels sont fondées nos inventions révolutionnaires, sont tout simplement des perceptions incon- scientes qui se décantent et viennent en surface, souvent sous forme de rêve.

En situation pédagogique, les "micro-messages" que captera inconsciemment l'élève, conditionneront son attitude et donc le degré de sa réussite. Ces "micro-messages" constituent le plan non-verbal de la communication ; ils comportent, entre autre, les gestes de l'enseignant, les intonations de sa voix, son comportement, son habillement, sa ponctualité, sa chaleur, sa sensibilité et son désir de communiquer.

Cette maîtrise, à bon escient, du plan non-verbal de la communication, sera déterminante: bien utilisée, l'élève s'ouvrira et deviendra disponible et réceptif. Il bénéficiera d'un sens de l'harmonie entre son but recherché et un environne- ment où tout est fait pour qu'il réalise ce but. Il sera en con- fiance et détendu.

Inversement, quand un élève sent une dissonance entre son envie et sa volonté consciente d'apprendre et donc d'être intelligent et content de lui-même et les micro-messages négatifs qu'il capte, le résultat est fermeture, tension, blocage et braquage.

En conséquence, il incombe à l'enseignant de prévoir, agencer et gérer tout ce qui sera perçu consciemment et inconsciem- ment - par l'élève et de veiller à ce qu'une harmonie existe.

C'est uniquement quand cette condition préalable est satisfaite que l'enseignant pourra espérer, par l'appel fait à l'affectivité et au sens artistique de l'élève de stimuler la globalité de la per- sonne et de créer ainsi le genre d'implication personnelle à base de concentration détendue qui permet des progrès géants.

Le "packaging" du contenu pedagogique pour etre receptionne par l'inconscient

L'être humain a, au moins, deux mémoires:

Il s'ensuit que dans le processus d'apprentissage, les deux mémoires sont indissolublement liées et que l'enseignant, en faisant appel à la globalité de l'élève, prévoiera certains stimuli pour la partie consciente verbale, rationnelle, cognitive, analytique, critique et volontariste de l'individu et d'autres pour l'aspect non-verbal, émotionnel, artistique, synthétique, intuitif et "caché" de la personnalité.

PAVLOV, dont les recherches n'ont pas seulement contribué à en faire baver les cheins, a beaucoup étudié ce qu'il a appelé des états paradoxaux. Dans ces états, un processus dialectique d'inhibition de nos fonctions rationnelles, volontaristes et d'activation de notre intuition et inconscient créent une plus grande réceptivité et sont donc particulièrement propices à l'apprentissage. Dans ces états paradoxaux, les stimuli forts provoquent des réactions faibles et les stimuli faibles des réactions fortes.

C'est parce que ces états semblent être l'accès le plus direct à notre inconscient et à nos capacités de réserves mentales que le niveau imperceptible, subsensoriel et subliminal de la communication est primordial à l'approche suggestopédique.

Les résultats sont étonnants: LOZANOV dans son oeuvre intitulée "SUGGESTOLOGY AND OUTLINES OF SUGGESTOPEDY" donne des résultats comparant des groupes expérimentaux et des groupes de "contrôle".

Les élèves "SUGGESTOPEDIQUES" apprennent 3 fois plus vite que les autres.

En plus, ils se rappellent, un an après la fin du stage, de 85 % de ce qu'ils ont appris.

Le deroulement du cours

Les textes de bases sont sous forme de dialogues écrits spécialement pour le stage suggestopédique. Ils racontent l'histoire de 14 personnages très attrayants.

Pendant le stage, chaque participant jouera le rôle d'un de ces personnages. Ce masque symbolique représente une coupure avec le passé scolaire et toute autre expérience négative du participant; il se libère de toute image non-évolutive de lui-même et de toute idée préconçue de capacités intellectuelles limitées.

Chaque leçon est présentée sur un fond de musique classique. Les élèves assis dans des chaises longues en demi-cercle, suivent le texte que lit l'enseignant, sa voix entrelacée dans la musique, attribuant ainsi à chaque phrase un contenu affectif.

C'est ainsi que la matière pédagogique se tisse dans un réseau nouveau d'associations agréables, favorisant de ce fait l'accès à la mémoire à long terme.

Les élèves relisent ces textes chez eux, le soir avant de s'endormir et le matin en "émergeant"; ces deux moments de la journée sont particulièrement propices puisque c'est justement quand on est le moins performant qu'on est le plus réceptif. Ces deux lectures de 40 minutes environ constituent le seul "travail" demandé au participant pendant la période stage.

Le lendemain, la plus grande partie de la journée est consacrée à l'activation des dialogues. Cette phase d'activation est une succession rapide d'activités et de jeux qui sont amusants, variés, stimulants et gratifiants.

L'accent est mis sur la communication dans le groupe plutôt que sur la matière c'est-à-dire la langue - proprement dit.

Des chansons et des blagues interviennent constamment, assurant ainsi un changement perpétuel de cadence. Avec entre 10 à 12 activités complètement différentes par heure, personne - à part l'enseignant qui a rigoureusement préparé son cours - ne voit le temps passer.

La phase "activation" est suivie par le concert "passif'. Leur chaise-longue en position "relax", les élèves se détendent, ferment les yeux et écoutent la deuxième lecture du texte, cette fois sur un fond de musique "pré-classique".

Les élèves, dans cet état de "pseudo-passivité", se trouvent dans une agréable étape intermédiaire, quelque part entre le repos et l'éveil ; ils respirent plus lentement et leur coeur bat moins rapidement.

Ils sont particulièrement disponibles envers la lecture du texte puisque la musique induit une détente concentrée.

L'énergie physique se transforme en énergie mentale et dans cet état d'hypersensibilité, l'assimilation se fait plus facilement.

Le quatrième quart de chaque leçon est la phase "adaptation-extrapolation" ; dans cette phase, les activités s'éloignent davantage des dialogues, élargissant ainsi la gamme d'utilisation possible de ce qui a été appris. Des matériels authentiques - des cartes de restaurant, des guides touristiques, des anthologies de blagues, des cartes routières - sont utilisés de manière systématique. Cette phase comprend presque toujours des scénettes et sketches qu'organisent entre eux les participants par groupes de 3 ou 4, pour les présenter devant les autres.

La phase se termine par un mini-test, pas trop difficile, de 5 à 10 minutes, qui permet aux élèves de se rendre compte de tout ce qu'ils ont appris. Ces mini-tests sont des instruments d'encouragement, qui donnent des preuves tangibles des acquisitions nouvelles et qui servent comme rite de passage envers la prochaine leçon.

Le Professeur

Son but recherche

La création d'un climat et d'un environnement "magiques" où l'expression d'une curiosité créatrice peut servir comme moteur pour apprendre et accomplir.

Son role

  1. Etre l'architecte d'un environnement où les élèves s'inspirent les uns les autres par la créativité qu'ils partagent et où ils s'étonnent constamment par la découverte perpétuelle de leurs propres capacités.
  2. Etre l'ingénieur perceptuel qui met tout en place - la disposition et le décor de la salle, la nature et l'ordre des activités - pour stimuler, encourager et inspirer les élèves.

Les moyens disponibles

  1. Sa propre énergie et la capacité de canaliser l'énergie des autres.
  2. Une vision des possibilités époustouflantes du potentiel humain et des capacités d'apprendre.
  3. Le don de transmettre cette vision aux élèves.

Qualites requises

© Lonny GOLD, Janvier 1984.